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SEMINAIRE EUROPEEN 2009
Samedi 10 octobre 2009, 9h-17h
SEMINAIRE EUROPEEN
- “RAVENSBRÜCK 1939-1945 : FEMMES ET ENFANTS DANS LE SYSTEME CONCENTRATIONNAIRE NAZI. 2009: QUELLE PEDAGOGIE DE LA MEMOIRE?”
Grand témoin : Madame Marie-José CHOMBART de LAUWE, ancienne déportée, Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Lors de cette journée, sont intervenus en particulier :
Dr Insa ESCHEBACH, Directrice du Mémorial de Ravensbrück: ” Historique du camp et du Mémorial de Ravensbrück. Quel futur pour le Mémorial?”
Matthias HEYL, Responsable pédagogique du Mémorial de Ravensbrück: “La pédagogie de la Mémoire à Ravensbrück.”Marie-Jo CHOMBART de LAUWE, Résistante déportée à Ravensbrück, Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation: ” Engagement dans la Résistance. Déportation et vie au camp. Les expérimentations médicales. La résistance dans le camp. Libération et retour.”
Gérard HAZEMANN Maire honoraire du Hohwald :
“HAÏDI HAUTVAL, une femme médecin au camp de RAVENSBRÜCK”, après une introduction et un hommage rendu par Génia OBOEUF (de Nevers). Madame Oboeuf a été soignée au block 10 d’Auschwitz par le Docteur Adélaïde Hautval.
Cette journée nous a permis de rencontrer également Jeanne WELZER, déportée à Ravensbrück de juillet 1944 jusqu’au 30 avril 1945.
—————————-COMPTE-RENDU DE LA JOURNEE (par Marie-Claire Allorent, présidente AFMD 67, octobre 2009):
A 9h30 Renée Weber présidente du CIDH accueille les participants en rappelant la nécessaire continuité du travail de Mémoire commencé depuis quatre ans (1er séminaire en 2005 « Cultures de la Mémoire de part et d’autre du Rhin » ; 2e en 2007 « Mémoire de la déportation: éclairages multiples, responsabilités nouvelles »).
Monsieur le Maire et Conseiller général Marcel Bauer insiste sur l’actualité et l’importance de cette réflexion et sur le liens entre Mémoire et valeurs citoyennes.
Jean-Michel Roth (AFMD 67) présente le programme de la journée en soulignant sa double dimension européenne et régionale. Il rend hommage à toutes les femmes ayant vécu l’expérience tragique de la déportation.
- Madame le Dr Insa ESCHEBACH, directrice du Mémorial de Ravensbrück, s’appuyant sur des photos projetées sur grand écran, fait un exposé en trois parties :
-Une rapide histoire du KL Ravensbrück et de ses 42 camps annexes, avec ses 132000 détenus, femmes et enfants essentiellement, d’une quarantaine de nationalités.
– Une histoire du Mémorial pendant la période de la RDA (début des travaux en 1948, inauguration du musée en 1959) puis, suite à la réunification, les nombreux changements permettant de mettre en valeur les groupes « oubliés » et les destins individuels.
-Une présentation de l’avenir du Mémorial avec accent mis sur le travail d’archives et la bibliothèque, l’organisation de nouvelles expositions dans de nouvelles structures, notamment sur le travail forcé, les femmes SS et le développement de l’université européenne d’été accueillant de nombreux jeunes depuis cinq ans.
Insa Eschebach annonce l’inauguration les 17 et 18 avril prochains, dans le cadre du 65ème anniversaire de la libération du camp, d’un espace conçu pour rendre hommage aux différents groupes nationaux et d’une plaque commémorant des détenues françaises.
- Monsieur Matthias Heyl, responsable pédagogique du Mémorial de Ravensbrück centre son intervention sur
– l’analyse de la perception des jeunes visiteurs à partir de nombreux exemples concrets : les différentes formes de refoulement évoquées de la « déréalisation » à la saturation et la volonté d’oublier, soulignent l’importance du travail à mener pour une prise de conscience des causes et des effets du nazisme et posent la question du comportement approprié face à la Mémoire
lourde ou comment « faire partager aux jeunes notre irritation face à l’histoire » ?
– la réflexion sur une juste présentation des coupables en tant que sujet, être humain devenu bourreau.
Son objectif : que les jeunes repartent du Mémorial non pas avec simplement beaucoup de réponses trouvées, mais avec, dans leur esprit, le plus de questions possibles.
Un débat court et intense s’instaure ensuite notamment sur la question de l’espoir à transmettre parallèlement à la tragédie, sur les moyens et les relais pédagogiques.
- Madame Marie-Jo Chombart de Lauwe présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, ancienne déportée de Ravensbrück et Mauthausen, commence son témoignage en se réjouissant, d’une part, de la coopération entre formateurs aux Droits de l’Homme et militants de la Mémoire de la Déportation ; et d’autre part du choix du thème trop peu souvent traité.
Après avoir résumé ses débuts dans la résistance et la destinée du réseau dont elle faisait partie(cf son livre « Toute une vie de Résistance »), elle évoque trois crimes contre l’Humanité dont elle a été témoin à Ravensbrück : – la déshumanisation, l’humiliation constante, le non respect de la vie des détenues
– les expériences médicales, essentiellement sur de jeunes tsiganes : quelques rares survivantes furent sauvées par la résistance intérieure du camp
– les enfants tués systématiquement jusqu’en septembre 1944 puis regroupés dans la Kinderzimmer dans des conditions lamentables. Sur 600 enfants nés dans le camp, une quarantaine a survécu, dont trois français.
Elle répond ensuite aux questions posées.
Suivent ensuite les témoignages spontanés de:
- Madame Génia Oboeuf, ancienne déportée à Auschwitz et Ravensbrück, qui évoque son expérience personnelle du camp, mais tient surtout à rendre hommage au Docteur Adelaïde Hautval pour son engagement et sa déportation comme « amie des juifs », son refus d’aider aux expériences médicales, sa solidarité envers les autres déportées.
- Madame Jeanne Welzer, strasbourgeoise ayant refusé de vivre dans l’Alsace annexée, raconte pour la première fois en public, son arrestation à Grenoble en février 1944, comme résistante, et sa déportation à Ravensbrück.
Puis, vers 17 h:
- Monsieur Gérard Hazemann, maire honoraire du Hohwald, retraça le parcours du Dr Hautval et appela les générations d’après-guerre à prendre le relais pour faire vivre la Mémoire de la Déportation.
Ce séminaire devait recevoir le témoignage de Dunya Breur, fille d’Aat Breur. Elle est malheureusement décédée en juin et nous ne l’apprîmes qu’à la fin de l’été.
En son absence, Madame Renée Weber nous présente Aat Breur, cette déportée qui a laissé de nombreux dessins.(cf résumé en fin d’article ***)
Jean-Michel Roth clôture la journée. Il rend hommage aux 70000 femmes et enfants assassinés comme aux survivantes de Ravensbrück dont il cite un certain nombre, soulignant leur détermination et leur solidarité. Il termine par la nécessité du lien entre cette Mémoire et notre présent et par un appel à la vigilance pour un respect toujours plus élargi des Droits de l’Homme.
—————————-
Suite à ce séminaire, notre membre actif du Comité, Marie-Claire METZ, responsable des bibliothèques des Droits de l’Homme et de la Mémoire, s’exprime ainsi:
RESISTANTES
Résistantes contre le mal absolu,
En vous l’humanité flétrie a refleuri.
Souriantes – et pourtant tant de barbarie affrontée.
Recours de femmes meurtries
Face à tant de crimes.
Nous ne vous oublierons jamais, vous,
Ces témoins de vie envers et contre tout :
Etres de lumière,
Exemples à jamais!
Pour vous, femmes de tous pays,
Pour faire fleurir les cendres,
Le symbole d’un rosier-souvenir.
Celui de la France
S’appelle « Renaissance »
Et s’épanouit en
Fleurs de résistance(s).
———————
***
AAT BREUR-HIBMA est une peintre et dessinatrice
néerlandaise, qui a été détenue à Ravensbrück où,
malgré son statut (Nacht und Nebel) elle a réalisé des
dessins au crayon sur la vie dans le camp. Ces
dessins sont conservés au Rijksprentenkabinet du
Rijksmuseum à Amsterdam.
Aat Hibma, née en 1913 à la Haye, est la fille d’un
cordonnier de la province de la Frise. Elle fait ses
études dans sa ville natale puis elle enseigne le
dessin à la Haye. Elle se marie en septembre 1940
avec Krijn Breur, étudiant en philosophie. Le couple a
très vite deux enfants, un fils 1940, et une fille, Dunya,
en 1942.
Dès le début de la guerre, le couple Breur-Hibma est
actif dans la Résistance, Krijn avec des attentats et
Aat en falsifiant des cartes d’identité. Ils cachent une
juive avec son enfant dans leur maison.
Dénoncés, ils sont tous les quatre emprisonnés le 19
novembre1942. Krijn est torturé, condamné à mort et fusillé en
février 1943. Aujourd’hui, une rue d’Amsterdam porte son
nom.
Aat est emprisonnée avec Dunya, encore bébé, à
Scheveningen, puis à Utrecht. Quand au mois de juin 1943
Aat est déportée vers l’Allemagne, elle réussit à confier Dunya
à ses parents, à la porte de la prison. Aat arrive en septembre
1943 dans le camp de concentration pour femmes à
Ravensbrück. Elle est soumise au régime des détenues NN,
“Nacht und Nebel”. Mais grâce à quelques surveillantes de
bonne volonté, Aat est affectée à l’atelier de reliure, afin d’y
dessiner des cartes de naissance. Cela lui donne l’occasion
de faire clandestinement des dessins.
Le 1er mars 1945, Aat est transférée au Strafblock, ce qui
équivaut à une condamnation à mort; au dernier moment la
femme médecin française Haïdi Hautval, elle-même détenue,
la tire du rang des condamnées et lui donne l’étiquette
numérotée d’une morte, lui sauvant ainsi la vie. HaÏdi cache
Aat dans la baraque des tuberculeuses, où les gardiens n’osent
pas pénétrer par peur d’infection.
Le 29 avril 1945 le camp de Ravensbrück est libéré par
l’armée Russe. Le 6 juillet 1945 Aat est rapatriée. On
découvre qu’elle souffre de tuberculose.
En septembre 1945, une ancienne codétenue rend visite à Aat
pour lui rapporter les dessins sauvés du camp. Aat vit très
retirée, refuse de parler de la guerre et cache ses dessins
dans une valise sous son lit. Ses enfants souffriront de ce
tabou, et c’est finalement sa fille Dunya Breur qui réussira à le
briser. Ce n’est qu’en 1980 qu’Aat livre le secret des dessins
faits à Ravensbrück, et commence à raconter ses souvenirs.
Ces dessins font sensation. Le Rijksmuseum Amsterdam les
prend en charge, restaure le papier en mauvais état et
organise des expositions dans plusieurs villes.
Dunya est très touchée; elle va visiter le camp de
Ravensbrück et recherche les traces des femmes dont sa
mère a fait le portrait et qui sont encore en vie en France,
Belgique, Suède et aux Pays-Bas. Elle consigne leur histoire.
Elle édite ces histoires avec les dessins de sa mère dans un
livre saisissant.
En 1989 Aat Breur-Hibma et Dunya Breur reçoivent la
médaille du Stichting Kunstenaarsverzet 1942-1945 pour le
livre « Een verborgen herinnering ».
En 1998 Krijn Breur (à titre posthume) et Aat Breur-Hibma
reçoivent la décoration Yad Vashem qui salue les Justes
parmi les nations.
Renée Weber).
Le projet transfrontalier européen qui est à l’origine de la tenue d’un séminaire européen organisé tous les deux ans s’intitule “Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme”.
Pour un aperçu du “Chemin de la Mémoire et des Droits de l’Homme” consultez notre site spécifique
Tout renseignement au 03 88 92 94 72, .